Mon séjour sur l’île de la Réunion du 7 au 17 octobre 2011 fût encore une sacrée aventure, souvent multicolore, pétillante aux contrastes profonds et parfois plus terne aux couleurs boueuses… !
Ce grain de sable à l’échelle du globe, à quelques 10000 kms de mes Alpes pointe son nez au milieu de l’océan indien, grâce au volcan du piton des neiges il y a quelques millions d’années. Il est un condensé de paysages exceptionnels, de microclimats surprenants, d’une flore exubérante, avec une culture créole très plaisante et diversifiée. De plus le climat tropical permet d’alterner aussi bien le farniente le long des grandes plages et le loisir des lagons avec et surtout l’effort et l’émerveillement de l’intérieur des terres !!
Je reste fasciné par la particularité des terrains de cette île .Permettez moi d’insister sur ce point mais à tous ceux qui me lisent j’espère qu’il y a en vous une graine qui germe et qu’un jour naîtra l’envie profonde de venir découvrir ces sentiers que seules mes baskets pourraient décrire au mieux ! Je parle bien de particularité qui ne veut pas spécialement dire facilité, accessibilité, apaisement, plénitude et tranquillité. Je dirais plutôt venez découvrir ces sentiers Hors Catégorie !!
Les cirques de Cilaos, Mafate, Salazie avec la plaine des palmistes sont devenus patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2010 et je peux le comprendre aisément de part la richesse qu’ils animent ! C’est cette beauté naturelle sans aucun artifice qui m’interpelle et qui fait que la course du Grand Raid de la Réunion attire beaucoup de monde !
Ces quelques photos qui donnent un aperçu
Ilet des orangers dans Mafate | |
Une Flore à faire réver nos pépiniéristes! | |
Cilaos, courage à tous ceux qui s'y rendent en voiture! |
Incroyable!! encore de la fumée qui s'échappe de la coulée de lave de 2007! |
Le fameux chemin des Anglais, n'oubliez pas vos semelles! |
La magie de l'île, alternance mer et montagne! |
Mais les apparences sont parfois trompeuses, et il faut garder à l’esprit que la nature est forte, qu’elle nous domine, qu’elle peut nous offrir du bonheur mais qu’elle est exigeante, changeante et intransigeante. Ici sur l’île c’est souvent elle qui décide à votre place, il ne suffit pas de marcher pour aller au bout comme certain ultras mais il faudra franchir certains paliers éliminatoires !!
Cette course est très difficile, très compliquée, très dure physiquement et psychologiquement. Avec 162 kms et 9400 de positif, normal me direz vous !! Oui certes, mais ici ce sont avant tout les conditions de course qui prédominent en terme de difficultés. Le profil, le terrain, l’état des sentiers, la météo, et l’amplitude des températures sont autant de paramètres qui expliquent concrètement mon sentiment.
Le départ de Cap Méchant à coté de St Philippe, au sud de l’île est toujours un grand moment d’émotions avec l’ambiance créole. Le stade et les alentours sont animés par le monde et les médias très présents sur cet événement sportif phare !
22 heures et c’est un départ canon, au point de se faire piétiner sur la ligne !! Je suis toujours surpris de la stratégie de course de quelques coureurs à vouloir partir en surrégime à tout prix sur les premiers kilomètres ! J’ai du doubler environ 150 coureurs entre le départ et le premier ravitaillement au 15éme kilomètres de Basse Vallée, portion avec 680+ donc assez roulant. La filière musculaire en aérobie est à ce moment là bien réduite pour tous ceux qui ont la respiration haute, très haute !! J’imagine alors le sablier des réserves de glycogène en ouverture maximale ! De mon coté je décide de partir très prudemment, j’essai de préserver au mieux ce fameux stock et d’aller un peu grappiller de l’énergie vers la filière lipidique en me mettant en mode foncier, endurance quasi fondamentale. Je passe alors au premier ravito à Basse Vallée (Mare Longue) en pleine forme en 1h20 pour 15 kms et 690+ en position 34 (classement dont j’ai pris connaissance qu’en fin d’aventure..)
C’est ensuite cette fameuse montée du Volcan qui se présente ! C’est là un grand moment, je me suis régalé dans cette montée que j’adore ! La pente est très raide sur ce sentier très étroit en forme de rigole, composé de pierres, rochers, racines, et humidité !! Je fais le début de la montée avec Thierry Techer. Je reste toujours très régulier en évitant au maximum de faire monter le cardio. Je double encore quelques coureurs, je dis un petit mot à Vincent Delebarre.
La fraîcheur s’invite insidieusement dans cette montée. Par expérience je sais que cette portion du Volcan peut être terrible en terme de météo et température la haut à 2400 d’altitude (Mon abandon 2010 est du je pense à un coup de froid au bas ventre « mini short + tee-shirt avec un 0 pointé » que j’ai payé cash plus tard dans ma course) ! C’est pour cela que j’ai pris cette année le départ avec gants, un ¾ pour le bas et un manches longues chaud pour le haut. Tout doucement c’est un léger brouillard qui pointe et là je n’hésite pas une seconde, je mets mon coupe vent pour améliorer mon état de bien être ! Et j’allume mon GPS pour me rassurer et rester sur la bonne trace.
Juste avant le ravito de Foc Foc j’ai ce réflexe de me retourner vers le volcan de la Fournaise en souvenirs de l’année dernière avec Kylian ! Mais là ni grondements et ni coulée de lave à l’horizon ! Snif !!
Je reprends ma route, passe au ravito du 23éme kil et poursuit ce sentier le long des remparts pour arriver sous un brouillard assez épais au ravitaillement du Volcan en 4h08 d’effort pour 30kms et 2300+ .Tout va pour le mieux, je n’ai pas froid mais profite de la chaleur des boissons proposées et de tous les bénévoles ! Mon frère que je remercie est là pour ce réconfort que chacun d’entre nous ressent profondément lors de courses très longues !!
Encore une petite traversée sur cet immense plateau volcanique vers l’oratoire de St Thérése avec un dernier raidillon puis c’est la bascule ! Une bascule que j’appréhende car je connais bien ce sentier taillé dans ce mélange de pierres pointues, coupantes, irrégulières, de toutes grosseurs qui nous mène au Piton Textor. Plutôt surpris que seulement 3 coureurs me doublent sur cette portion cabossée de 10 kms. Sébastien Talloti me passe et se plaint de problèmes gastriques. J’apprécie beaucoup ma frontale Pezel Ultra Belt sur ce type de terrain qui demande une attention sans faille (il est tout de même 3 heures du matin à ce moment la !).
Une petite soupe au ravito de Textor au 40ème puis je poursuis mon chemin en direction
de Marre à Boue ! Un lieu dit qui porte bien son nom !!Après le brouillard c’est la boue qui s’invite ! Le chemin devient moins dure, moins lunaire, bien plus glissant et se rapproche de nos sentiers alpins avec de la verdure mais un petit Quoique ! La Boue ! Donc vigilance et prudence. Je reste confiant en me disant tout simplement qu’après ce passage de quelques kilomètres mes baskets retrouveront leurs repères habituels !! Je n’étais pas du tout conscient de la suite !! . Les locaux sont très forts sur ce terrain qui leur est familier ! Quelques uns me doublent.
Je trouve très long l’approche sur le ravito de Mare à Boue du 50ème kilomètre mais j’y arrive en 6h47, 34ème. Mon état de forme est assez bon, quelques douleurs aux chevilles
mais rien d’alarmant .Je donne Rendez vous à mon frère à Cilaos !
Je quitte alors la Plaine des Palmistes pour me diriger vers le cirque de Salazie ! Ce sont quelques kilomètres assez faciles et reposants qui se présentent. Je me dis que ce n’est rien de courir dans ces conditions quand le terrain est propre !!
Mais tout devient très différent quand je m’approche du Col de Bébourg. A nouveau de la boue qui va bouleverser ma course !
C’est un Bourbier apocalyptique sur quasi 15 bornes. Allez je vous donne la composition du Hamburger nommé Bouillasse! Une épaisseur d’environ 15 cm de Boue onctueuse, je rajoute par-dessus 10 cm d’eau, pour corser le plat de la bonne racine ferme et luisante et à titre de condiments une poignée de cailloux et rochers. Bon appétit pour ce plat en plus totalement gratuit, quelle générosité !!
Le plat était unique donc chacun d’entre nous n’a pas eu le choix ! Une deuxième composition aurait pu nous être proposé mais pas assez consistante parait t’il !!
Et bien figurez vous que j’ai eu du mal à le finir, pourtant j’ai bon appétit, et en plus je l’ai mal digéré !!
Plus concrètement je suis sorti de cette forêt de Bébour assez dépité. Je quitte le mode imprévu « sauve qui peut » pour me remettre sur le mode initial » trail, course à pieds » en direction du gîte de Bélouve. Et là j’ai ma cheville droite (plus précisément ma malléole, le tendon du tibial postérieur) qui me fait très mal .Une douleur chronique légère que j’ai depuis quelques mois mais les mouvements très perturbés de la cheville durant trois heures dans cette boue ont fortement sollicité le tendon du muscle . La douleur me remonte même dans la jambe !!
Que faire alors !!, Je suis d’une part affaibli psychologiquement par le stage Commando que je venais de me taper et en plus cette douleur !! Par contre je n’ai pas rencontré le souci de l’UTMB (douleurs musculaires) !
Sachant le nombre de kilomètres restant à effectuer je décide de stopper car cette année je mettais promis de rentrer dans le cirque de Mafate seulement dans de bonnes conditions !
Je fais alors la descente tranquille en marchant sur Helbourg, j’encourage les nombreux coureurs qui me doublent et leur souhaite un bon périple. Je rends mon dossard au 72ème
kilomètres et appel mon frère qui venait tout juste d’arriver en voiture sur Cilaos !! Demi tour pour 3 heures de route pour venir me récupérer à Helbourg !! Merci !
Je ne me lamente pas de cette situation ! Même si la déception est profonde et que la période n’est décidemment pas propice à de bonnes nouvelles pour moi!!
Je me renseigne alors sur l’évolution des coureurs toujours en piste et notamment de mes amis du Team Lafuma que je félicite pour leurs performances.
La Diagonale Des Fous est un Ultra Trail très difficile.L'avis de la majorité des coureurs n'est pas souvent pris en compte mais il faut l’accepter comme cela, et je l’accepte. C’est pour cette raison que je reviendrai certainement.
Hervé Giraud-Sauveur
GIRAUD-SAUVEUR HERVE
dossard nº1957
Diagonale des Fous, Equipe Hommes de l'équipe TEAM LAFUMA
Catégorie: VETERANS 1 HOMMES
| ||||||||
| Point de passage | Heure de passage | Temps de course | Km Cumulés | Altitude | Classement | Classement V1H |
|
| Cap Méchant | 13/10 22:00 | 0h00mn00s | 0km | 17m |
|
|
|
| Kiosque Basse Vallée | 13/10 23:20 | 1h20mn22s | 15km | 685m | 34ème | 13ème |
|
| Foc Foc | 14/10 01:31 | 3h31mn38s | 23km | 2350m | 22ème | 9ème |
|
| Volcan | 14/10 02:08 | 4h08mn55s | 30km | 2320m | 23ème | 10ème |
|
| Textor | 14/10 03:22 | 5h22mn00s | 40km | 2165m | 26ème | 11ème |
|
| Mare à Boue | 14/10 04:47 | 6h47mn00s | 50km | 1594m | 34ème | 12ème |
|
| Hellbourg (Entrée) | 14/10 08:57 | 10h57mn38s | 71km | 1000m | 76ème | 28ème |
|
| Hellbourg (Sortie) | 14/10 09:17 | 11h17mn57s | 71km | 1000m | 94ème | 34ème |
|
| Hellbourg sortie | 14/10 09:17 | ABANDON |
|